vendredi 30 juillet 2010

Liberté



Oui !!!
Je peux à présent lâcher mes mains
mais
me disant cela
je restais sans bouger agrippé à moi-même
incapable
un temps
de décroiser les bras
en cette trente sixième année
après ma séquestration
mon ancienne enveloppe de peau avait disparu
je venais de recouvrer ma liberté
mais cette liberté même se trouvait aux prises avec le Mistral violent
qui soufflait sur l'immense plaine
j'avais beau n'avancer qu'en rampant
le vent me frappait l'air m'étouffait
un vent aussi terrible
mon ancien corps ne l'avait jamais subi
vrai
sous ma vieille peau
je n'en avais rien ressenti
si ce n'est que le mugissement de l'énorme fleuve me semblait plus proche qu'aujourd'hui
mais je me disais que cela allait être l'heure où
avec le soir
toutes choses
presque toujours
s'apaisaient...
avec ce temps-ci
en tous cas
s'attendre à voir s'élever la moindre brume serait de la déraison...
mais alors...
ce voile
ce trouble que j'ai
de mes yeux
vu ?
phénomène propre au champ visuel de la liberté ?
oui
peut-être...
à moins que ce que j'ai pris pour de la brume n'ait été que le simple courant d'air
du temps qui passe
emporté par le Mistral...
mais que la cause de mon erreur soit telle ou telle
une chose est sûre
c'est que la réalité ne m'est guère favorable

Extrait de " La parabole de l'aveuglé "

1 commentaire:

  1. Porteur des eaux, mère en goguette, le poids que tu portes c'est l'enfance muri.
    Pas celle qui mène la barque aujourd'hui jusqu'à épitaphe du sens-cri, pas celle du vaincu qui offense jusqu'à la-vis ;
    La couleur est ton royaume et j'entends d'ici les dieux psalmodier lorsque tu tonnes : tu les insultes !
    Aboie encore, ronge l'os et montre-leur que l'animal tout de monomanie travaille la distance en hors pair, en or pur...
    Cette coquille de noix qui te tient dans la tempête c'est le bateau ivre de notre soif, et lorsque tu tempêtes et que tu passes le témoin, tu me dés-altères : je me sens plus léger !

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