lundi 8 novembre 2010

De la gueule de bois considérée comme un objet de l'artisanat populaire

A tous les disparus, à tous les vivants, à tous les ivrognes et autres fêlés.

Hier, je suis ici dans mon atelier, je me suis tapé une gueule de bois si horrible et si douloureuse qu’alors la comparer à un grand-guignolesque objet de l’artisanat populaire seul me parut juste. Ceux qui me vendaient pareil produit ? Jamais vous ne voudriez les connaître plus avant.
Normalement, une gueule de bois, ça mord la poussière avec le coucher du soleil, ça crève comme le grand serpent des gouvernements qui à force de bravoure se mord toujours la queue. La, pas question de crever : ma gueule de bois se fit objets d’artisanat populaire que l’on aurait fabriqué avec des bouts de mon système nerveux central, des morceaux de mon ventre et autres fins lambeaux de ce qui dans ma cervelle me tient lieu d’imagination.
Tour à tour cela se fit poupée, méchantes petites poupées mal taillées et qui puaient, et aussi babioles dont personne ne voudrait parce qu’on les a faites à l’aide de boîtes de bière rouillées et de tessons de bouteilles, et aussi des tableaux sur tuiles peintes à la merde de flamands roses et bien sûr, le paix et amour chemises locales de couleurs vives taillées dans tous les caleçons et autres maillots de corps que toujours portent les cadavres que détroussent les voleurs albinos quand c’est la nuit, quand c’est qu’il y a une tombe à profaner et que c’est la pleine lune. Parce que ces messieurs, c’est tout juste s’ils travaillent douze nuits l’an. A rôder autour des maisons et à regarder la télé comme des bêtes. A battre leurs femmes quand c’est la pause publicité.
Tout ceci pour dire que des journées comme celle d’hier, j’en veux plus d’autres dans ma vie. Lorsqu’enfin ma gueule de bois s’estompa, tous mes petits vendeurs étaient déjà partis, avec eux, avec eux avaient emporté leurs étranges marchandises. Avec eux aussi avaient remballé tout ce qui dans mon corps pouvait se dire impression : sauf une - celle, fort abstraite et crayeuse, d’être encore à respirer.
Pas vrai, Florentin ?

jeudi 4 novembre 2010

Mon vieux


Un jour tu es né sur la planète bleue propulsé par le vent, terrible vent, le mistral.
Ce vent des fous que toute ta vie d’honnête homme à l’ouvrage tu affrontas dignement sans que jamais une fois ton dos ne se voûte . 
Ce vent qui un jour me souffla soudain à l’oreille que j’avais plus d’amis morts que j’en avais de vivants. 
La première fois que ça me traversa l’esprit, je passais toute une après-midi à retourner des dizaines de gens dans ma tête. Comme on ferait aux pages d’un dictionnaire pour y trouver un nom.
Pour voir si c’était bien vrai. 
Et ça l’était. 
Je ne sus qu’en penser. 
Je commençais par me sentir triste. 
Et puis, lentement, la tristesse fit place à rien du tout et ça, c’était déjà mieux.
Ce fut comme ne pas voir que le vent souffle quand il fait tempête.
Comme d’avoir l’esprit ailleurs.
Là-bas il n’y a pas de vent.
Ce matin tôt dans la nuit tu t’es envolé dans le vent.
Je vais apprendre à voler.

A tantôt Florentin. 

mardi 2 novembre 2010

Mon vieux


Florentin est parti de l'hôpital à 2h du matin vers où il n'y a pas de vent