mercredi 5 juin 2013


une silhouette se dessina sur la terrasse
noire
dans l’encadrement de la porte croisée
comme l’ombre d’un inconnu
derrière
en plein ciel
deux étoiles semblaient l’avoir assisté jusque là
lueurs resplendissantes sur frange amarante
au loin
dans le quadrant où sont inscrits ensemble savoir et beauté
où survit la fraternité
la mère le vit
mais ne put examiner son visage contre le rectangle de lumière
j’entrai
la mère défigurée par la pâleur
ses lèvres exsangues tremblant convulsivement 
buvant des larmes désespérées
était demeurée les mains jointes sur le ventre
sans oser baisser les yeux sur la mémoire en lambeaux de son mari
elle regardait devant elle
droit
face à l’incroyable
en refusant l’image
comme si vivre même eût été un affront
pour qui ne peut se racheter de son silence

Christian Astor

extrait de « Errance colorée »




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