VI° état de « Errance colorée n° XXII »
250 x 400 cm
Je
tisse, ravaude, relie les extrêmes, les contraires, dans mon étonnement-amour
du monde. Je réunis sur la toile les éléments de ce visible que féconde
l’invisible.
En
traçant le vol d’un oiseau, en peignant un champ, il me revient de faire voir
du même coup tout l’espace que cet oiseau traverse, et l’ombre que son vol
inscrit sur ce champ, et l’heure, et la saison, il me revient de faire voir les
rides de l’eau éclaboussées d’abeilles mouchetées d’écumes bondissantes, il me
revient de faire voir les radeaux vides de vie, et le naufrage d’une
civilisation dans l’océan du mépris, il me revient de faire voir mon corps
allongé dans les herbes folles rêvant de Kopionkine à Tchévengour*, il me revient
d’user de toutes les armes que ma peinture sans sens sensé, insensée, a mises
entre mes mains, innombrables heures passées à observer, à attendre, à
m’impatienter, il me revient de faire voir « L’homme du commun à
l’ouvrage »* qui rend des comptes en couleur.
Christian Astor
Lundi 1 août 2016
* « Les herbes folles de
Tchévengour » d’Andreï Platonov
* « L’homme du commun à l’ouvrage. »
de Jean Dubuffet
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