mardi 26 juillet 2016

Ce matin dans l'atelier


VI° état de « Errance colorée n° XXII »
250 x 400 cm

            Je tisse, ravaude, relie les extrêmes, les contraires, dans mon étonnement-amour du monde. Je réunis sur la toile les éléments de ce visible que féconde l’invisible.
            En traçant le vol d’un oiseau, en peignant un champ, il me revient de faire voir du même coup tout l’espace que cet oiseau traverse, et l’ombre que son vol inscrit sur ce champ, et l’heure, et la saison, il me revient de faire voir les rides de l’eau éclaboussées d’abeilles mouchetées d’écumes bondissantes, il me revient de faire voir les radeaux vides de vie, et le naufrage d’une civilisation dans l’océan du mépris, il me revient de faire voir mon corps allongé dans les herbes folles rêvant de Kopionkine à Tchévengour*, il me revient d’user de toutes les armes que ma peinture sans sens sensé, insensée, a mises entre mes mains, innombrables heures passées à observer, à attendre, à m’impatienter, il me revient de faire voir « L’homme du commun à l’ouvrage »* qui rend des comptes en couleur.

Christian Astor
Lundi 1 août 2016

* « Les herbes folles de Tchévengour » d’Andreï Platonov

* « L’homme du commun à l’ouvrage. » de Jean Dubuffet

















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