samedi 10 septembre 2016

Vanité 12






Je rejette tout ce qui situe la peinture dans le temps. Toute peinture pourrait vivre dans l’espace si elle émanait de la connaissance des lois de la construction-la peinture atteindrait la plénitude immuable en ses formes, couleurs et lieux. Les réactions du moi devant la toile ne peuvent pas être utile pour peindre, le moi doit s’élargir jusqu’à son anéantissement.
         Je considère que le tableau n’est pas l’aboutissement de l’effort, la peinture doit s’élever ample, lumineuse, sereine, avec la densité d’un monde dans l’espace et accompagnée d’une force en constante puissance d’explosion. 
         Certes, les emportements de la brosse, les fureurs graphiques, les stridences écarlates, violacées, citrines aux confins parfois de l’insoutenable, peuvent trahir ma peinture qui quelquefois témoigne la violence et l’horreur où toute la planète s’abîme. Je crois surtout que mon errance colorée atteste, sans négliger pour autant les incidences de l’histoire, une nécessité contraignante qui se fait jour : celle de rejoindre, fût-ce au prix des plus grands sacrifices -l’équilibre, la pondération des images-, cette haute région menacée où les certitudes de la veille s’assombrissent mais où tremble, peut-être, parmi l’opaque, le cœur du monde en devenir.



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