Je rejette tout ce qui situe la peinture dans le
temps. Toute peinture pourrait vivre dans l’espace si elle émanait de la
connaissance des lois de la construction-la peinture atteindrait la plénitude
immuable en ses formes, couleurs et lieux. Les réactions du moi devant la toile
ne peuvent pas être utile pour peindre, le moi doit s’élargir jusqu’à son
anéantissement.
Je considère que le tableau n’est pas l’aboutissement de l’effort, la peinture doit s’élever ample, lumineuse, sereine, avec la densité d’un monde dans l’espace et accompagnée d’une force en constante puissance d’explosion.
Je considère que le tableau n’est pas l’aboutissement de l’effort, la peinture doit s’élever ample, lumineuse, sereine, avec la densité d’un monde dans l’espace et accompagnée d’une force en constante puissance d’explosion.
Certes,
les emportements de la brosse, les fureurs graphiques, les stridences
écarlates, violacées, citrines aux confins parfois de l’insoutenable, peuvent
trahir ma peinture qui quelquefois témoigne la violence et l’horreur où toute
la planète s’abîme. Je crois surtout que mon errance colorée atteste, sans
négliger pour autant les incidences de l’histoire, une nécessité contraignante
qui se fait jour : celle de rejoindre, fût-ce au prix des plus grands
sacrifices -l’équilibre, la pondération des images-, cette haute région menacée
où les certitudes de la veille s’assombrissent mais où tremble, peut-être,
parmi l’opaque, le cœur du monde en devenir.
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