jeudi 22 août 2019

Texte et photographies de Jean Marc SCOTTI.



Christian ASTOR ou les Mille et une peintures
EXPOSITION DU 29 JUIN AU 21 JUILLET.
Prieuré Saint Pierre à Pont Saint Esprit.

         C’est bien tout l’univers de Christian Astor qui s’ouvre aux yeux du visiteur dans ce lieu chargé d’histoire. L’ensemble de son œuvre est comme fixé dans une installation absolument admirable de cohérence. Le sens de cette installation, dans son apparente complexité est le fruit d’une seule et même chose, un immense autoportrait à la dimension d’une cosmogonie picturale. Ici la peinture est comme pulvérisée par le jeu complexe du peintre. Du rythme des formes jusqu’à la couleur, du graphisme à la texture, jusqu’aux différents plans chromatiques de son œuvre, tout est repensé, remanié et articulé jusqu’au sommet de l’harmonie, telle une immense partition symphonique bien orchestrée. Au fond, c’est bien de l’intimité de son œuvre, puis de son intervalle singulier avec la nef Saint Pierre que l’artiste continue à créer pour tenter d’entrevoir une autre harmonie, celle qui, cette fois, allie remarquablement « le temps scellé » de sa peinture avec l’espace du prieuré St Pierre. Ces œuvres « dans l’œuvre », ou cette mise en abîme de la couleur et du graphisme, découpée, déchirée, multipliée, puis réarticulée par le langage du peintre, nous fait discerner à quel point la peinture d’Astor peut renaître du tréfonds de ses cartons et anciennes toiles jusqu’à retrouver un autre avenir pictural. 
         Ce qui m’intéresse particulièrement dans son travail c’est justement cette transmutation parfaitement ciselée de sa peinture, exprimée dans une continuité́ jusqu’à̀ l’infini des possibles. Il évolue à la fois entre rupture et prolongement d’un héritage moderne, certes, mais aussi post-moderne tout en adoptant une attitude et une pratique de création que je qualifierais volontiers aujourd’hui de « post-contemporaine ». Simplement parce que chez Astor il n’y a pas de rupture irrévocable de la peinture, mais bien continuité dans le renouvellement. Pour autant, sa création est très contemporaine, tant dans la manière de mettre en symbiose, non seulement « sa peinture », mais bien « l’énergie d’un univers pictural» en situation dans un espace, qui, du fait, devient lui-même création éphémère. C’est cette cohérence du tout qui montre à quel point l’art d’Astor n’est pas seulement qu’un « jeu technique » mais bien un cheminement, une longue évolution picturale assimilée et digérée par le temps. Ce « temps scellé », tant de l’œuvre que de l’entre, prend tout son sens chez ce grand coloriste dont l’enjeu est non seulement artistique, mais aussi existentiel. Pour conclure, je dirais que cette exposition n’est pas seulement une « exposition » de plusieurs « tableaux » au sens habituel, mais bien une mise en situation d’une seule et même œuvre qui forme un tout pensé avec son milieu. 
Jean-Marc SCOTTI









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