Longtemps après avoir découvert,
après avoir vu mille fois le même sentier, le même ruisseau, les mêmes arbres,
les mêmes tableaux, j’en arrive au point où sentier, arbres, rivière et
tableaux ne me sont plus qu’une sorte d’habitude, un simple décor et comme un
état d’âme où j’avancerai. Mais ce qui me surprend, c’est un bref éclair le
long d’une écorce, le bruissement d’un feuillage, l’agitation dans l’eau d’une
algue désespérée, une touche de couleur bien posée et tant d’autres impressions
curieuses, amusantes. Tant d’impressions, mais dont il me semble soudain
qu’elles sont seules réelles et comme le contraire même d’une impression :
qu’elles constituent la « vérité », la présence même à quoi sont
suspendus le sentier, l’arbre, le ruisseau, le tableau.
C’est comme quand je me réveille en pleine nuit, ou même le matin au moment de me lever. Qu’est-ce que je vois, au sortir d’un rêve ? Qu’est-ce que je vois, sinon un zigzag, un éclair, un éclat, un trait ; quelque chose comme une haie de brindilles, des morceaux de carrés et de losanges (qui tiennent aux plinthes du mur), un nuage où scintillent des rais lumineux, une griffure perçant une surface. Quoi ! des débris, des déchets. Il arrive que je referme les yeux, de la déception que j’ai. Sans compter de l’envie de dormir que j’ai encore. Et pourtant c’est ce qui est vrai. Ce sont ces déchets qui portent tout le reste du monde. Ce sont ces débris qui sont présents.
C’est comme quand je me réveille en pleine nuit, ou même le matin au moment de me lever. Qu’est-ce que je vois, au sortir d’un rêve ? Qu’est-ce que je vois, sinon un zigzag, un éclair, un éclat, un trait ; quelque chose comme une haie de brindilles, des morceaux de carrés et de losanges (qui tiennent aux plinthes du mur), un nuage où scintillent des rais lumineux, une griffure perçant une surface. Quoi ! des débris, des déchets. Il arrive que je referme les yeux, de la déception que j’ai. Sans compter de l’envie de dormir que j’ai encore. Et pourtant c’est ce qui est vrai. Ce sont ces déchets qui portent tout le reste du monde. Ce sont ces débris qui sont présents.
La
sensation qui me vient d’un de mes tableaux n’est pas très différente de cette
présence là. Et peut-être l’explosion colorée qui caractérise « Errance
colorée » tient-elle, par cette voie un peu mystérieuse, à l’abondance
presque insensée des peintures qui me sont offertes à la fois à ma vue, et
composent mon musée imaginaire, dont il m’a bien fallu prendre l’habitude mais
qui tout à la fois me charme et m’accable.
Christian Astor
Samedi 23 janvier 2016.
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